Deux expositions d'artistes italiens sont actuellement au Caire, toutes les deux aux deux sièges de la Galerie Mashrabia, au centre-ville: une interprétation «pop» des chapeaux traditionnels égyptiens, revus et corrigés par Carmine Cartolano; une sélection des bijoux faits à la main par Florinda Guadagna.
J'avais déjà passé en revue, en 2015, une exposition d'œuvres d’art de Carmine, ami depuis toujours de l'Institut Italien. Il s'agissait de photographies remaniées et digitalisées, toujours très "pop". Le sujet affronté était le labyrinthe, au-delà de ce que l'esprit rationnel et le «conscient» puissent admettre.
Un thème qui a ses racines dans la conscience archétypale, et il introduit un élément de caractère méditerranéen «classique» dans le symbolisme de la Terre des Pharaons. Ce symbolisme a été décoloré au fil des siècles mais survit néanmoins dans le monde d'aujourd'hui. Le labyrinthe est celui des méandres de notre cerveau: c'est l'arbre Kumbaba, mais aussi le parcours urbain exagéré et paradoxal qui constitue le tissu de ces œuvres photographiques et graphiques.
Aussi dans le cas des chapeaux "Tarbush" actuellement en exposition, il y a de nombreux échos dans cette production artistique: les héritages de l’art pop, quelques clins d'oeil du monde de l’absurde mais absurdement possible; mémoires du vécu de ces dernières années, mais aussi des jeux de l'enfance, jusqu'aux video games - et en ceci Carmine Cartolano dévoile sa «jeunesse continue», un autre nom pour une «formation permanente» basée sur l'observation du quotidien. Le rappel aux grandes icônes de notre temps est évident. Dans ce labyrinthe de Tarbousch, Carmine se remue avec la délicatesse et la force d'un enfant qui joue: et c'est ce qui plaît à l'observateur, fatigué d’horreurs et de sollicitations à l’inquiétude. Et c'est ceci qui me plaît, promouvoir de l'âme italienne.
En ce qui concerne la créativité artistique de Florinda Guadagna, je dois dire que ma visite au vernissage du 20 mai a été une surprise agréable vu que je me suis senti au fond de la Mer Méditerranée. Des bijoux de petite et moyenne taille étaient entassés sur des cubes et des banquettes. Ils ressemblaient à des petites coupes prêtes à accueillir l'écume des vagues sous les pieds de Vénus Anadyomène.
Quelques autres bijoux s’inspirent des thèmes liés à la sensibilité envers les femmes, comme par exemple une bague composée d'un plateau miniature, sur lequel sont posées deux minuscules chaussures talon-aiguille. Une de ces deux est renversée, ainsi proposant des thèmes proches de la sensibilité d'aujourd'hui.
Parmi les émaux et les argents, des matériaux incongrus apparaissent sur les bijoux, tels que les oursins de mer; Florinda voltige sur tout cela, héritière de l’ancien et savant art de l'orfèvre méditerranéen, typique du «made in Italy» et d'une allégresse toute sicilienne.